Suite à une certaine conversation ^^,après Gormenghast,j'ai envie de parler d'un livre qui devrait interesser certaines d'entre vous,à savoir
La vallée qui chanted'un de mes auteurs favoris :Elizabeth Goudge....malheureusement trop peu connue en France.Le livre date de 1951.
L'histoire se passe en Angleterre,à la fin du 18ème siècle,dans un petit village de campagne près de la mer...Là,habite la petite fille du forgeron,la joviale et tranquille Tabitha Silver.Tabitha aime tout le monde,du curé de campagne un peu dans la lune,en passant par Job,sorte d'ermite plein de sagesse qui est,paradoxalement,son meilleur ami,de Mme Julie,poudrée et fardée qui ne se deplace jamais sans son caniche,du mari de celui ci,Antoine...et de cet "Ogre",cet homme aux cheveux longs et sales qui la terrifie.
Un jour,Tabitha se promène après la messe et tombe sur une espèce de porte en bas d'une colline.Curieuse de tout,la petite essaie d'y entrer,avant qu'une voix lui demande son age.Car dans cet endroit,il est interdit à ceux qui ont plus de 15 ans d'y penetrer...Elle,elle a dix ans,elle entre dans cet endroit etrange qui s'averera etre une vallée magnifique et ensoleillée et que l'on appelle "l'Atelier"....il y a une montagne ,des Anges,des lutins qui travaillent le bois...les animaux sont legions,ces petites lumières sont des fées.On y rencontre Soisette,sorte d'ecureuil au caractère emporté.Il y le terrible Capricorne qui monte des Abysses.Il y a Miranda la sirène.On y rencontre les etoiles,personnifiés par les signes du zodiaque,qui veillent chacun d'eux sur leurs protegés...Tabitha est plus qu'enchantée : cette vallée est la reponse aux questions qu'elle se posait ,à savoir qu'il y a vraiment quelque chose dans l'invisible.Et elle se promet d'y revenir avec Job...en meme temps,le village est consterné: on construit un bateau qui ne pourra etre achevé,faute de moyens...
La vallée qui chante est une sorte de conte,dans la lignée de Peter Pan ou d'Alice.Il y a une douceur de vivre,tout le monde semble tranquille,il n'y a ni haine,ni ressentiment dans cet espace vert idyllique...et bien sur,tout cela n'est qu'apparence.Mme Julie,par exemple,semble eloignée sous ses airs de coquette.Pareil pour Antoine,dont le coté sombre cache bien des choses.Et cela,seule une petite fille desinteressée va etre capable de le voir.L'idée de souffrance lui semble intolerable,et c'est l'invisible caché dans ces personnes qui va la conduire à leur presenter la Vallée.
Ce que Elizabeth Goudge cherche,c'est l'enfant qui est en nous.Certains semblent l'oublier,ou pire,y ont renoncé,parcequ'il y a des choses qu'on ne dit plus,qu'on ne fait plus...parceque l'age est là,et que les reves sont reservés aux enfants.Et c'est là que l'histoire prend tout son sens :ceux qui vont entrer dans la vallée vont affronter leurs peurs,leurs doutes,certains vont se redonner l'occasion de se prouver quelque chose,certains vont pouvoir panser leurs plaies jamais fermées...
Il n'y a pas de Capitaine Crochet ou de Reine des Coeurs,car le mal est deja là : c'est la tristesse,c'est le doute,la peur,les regrets,l'age adulte -un mal affreux pour Goudge.Ses personnages sont toujours des reveurs inadaptés à la societé,mais remplis d'une passion qui semble inconnue aux etres "lambda".Il y a une fascination pour la Nature,pour la poésie,ces personnages sont touchants car ils souffrent,mais se donnent l'occasion de faire un "voyage interieur" pour trouver la serenité.C'est rempli de merveilleux,de douceur,et de scènes sublimes de beauté et de ces terreurs qu'il faut affronter...et quand on referme ce livre (et tous les autres d'ailleurs) on a le sentiment d'etre en paix et serein,et procure un réel sentiment de joie...elle elève l'ame par le prisme de l'enfance,de la nature et du divin...Et le final est beau à en pleurer...